Ramaswami Srivatsa est moins médiatisé que d’autres héritiers de Krishnamacharya (Iyengar, Desikachar), mais il est néanmoins un témoin direct et rigoureux de son enseignement originel, avec une approche très pédagogique, posée et ancrée dans les textes.
Sur sa pose Facebook, il a publié au sujet de jālandhara bandha, l’un des 3 bandha-s.
En voici une traduction…
Les pratiquants de yoga connaissent une méthode appelée jālandhara bandha, plus connue sous le nom de verrou de la gorge. Que signifie ce terme, et quel est son effet ?
Le terme (samāsa) est formé de trois mots : jala, dhara et bandha. Jala signifie «eau» et, dans ce contexte, il désigne l’amṛta, le nectar. Dhara signifie «tenir, soutenir» et bandha «verrouiller». Ainsi, le terme jālandhara bandha peut être compris comme « e verrou qui retient le nectar». Voici le terme jālandhara bandha déchiffré :
जलं धार्यते यः बन्धः सः जालन्धरबन्धः।
jalaṃ dhāryate yaḥ bandhaḥ saḥ jālandharabandhaḥ.Le bandha, ou verrou, qui retient l’amṛta est le jālandhara bandha
La Haṭha yoga pradīpikā mentionne les bienfaits de cette pratique yogique particulière dans le vers suivant :
Jalandhare kṛte bandhe kaṇṭhasaṃkośalakṣaṇe |
Na pīyūṣaṃ patatyaghnau na ca vāyuḥ prakupyati ||— Haṭha yoga pradīpikā
Dans le jālandhara bandha, une contraction parfaite de la gorge a pour bienfait que le nectar ne tombe pas dans le feu (le sūrya situé au niveau du nombril, ou jāṭharāgni), et que le souffle (vāyu) n’est pas perturbé.
Selon la croyance yogique, l’amṛta, ou nectar, est stocké dans la tête et s’écoule goutte à goutte à travers la luette vers le feu gastrique de l’estomac, où il est consumé. L’épuisement complet de l’amṛta dans la tête marque la fin de la vie. Ainsi, en bloquant complètement ce flux chaque jour pendant un certain temps grâce au jālandhara bandha, le yogi interrompt cet écoulement et prolonge ainsi sa durée de vie.
Dans le Vinyāsa Krama Yoga [ndlt: nom donné ici pour exprimé l’enseignement de T. Krishnamacharya], les mouvements de vinyāsa et les postures statiques sont pratiqués en maintenant la tête dans une position de jālandhara bandha partiel [ndlt: Ujaï], ou contraction de la gorge (kaṇṭa ākuñcana), afin de faciliter le contrôle du souffle par le rétrécissement de la gorge. Si la position tête vers le bas aide à contrôler le mouvement du souffle, elle contribue aussi à maintenir un bon équilibre et, point important, à réduire considérablement la vitesse d’écoulement de l’amṛta. Ainsi, dans le vinyāsa krama, grâce à la gorge contractée, le yogi est capable de ralentir l’écoulement descendant de l’amṛta et d’allonger la durée de chaque respiration.

Selon une autre conception, la durée de la vie est déterminée par le nombre de respirations, et non nécessairement par le temps écoulé. Dans les pratiques de vinyāsa krama, la respiration, qui est habituellement d’environ 15 cycles par minute, est réduite à environ 5 à 6 par minute, voire moins. En réduisant à la fois le flux de l’amṛta et le rythme respiratoire, le yogi de vinyāsa krama pourrait ainsi (espérons-le) vivre plus longtemps.
Les postures de Śrī Krishnamacharya sont presque toujours pratiquées avec la tête inclinée vers le bas. Même dans ūrdhva mukha śvānāsana (le chien tête en haut), il garde la tête abaissée, contrairement à ce qui est généralement pratiqué dans d’autres écoles.

Traduction : Eric Savalli 12-2025
À noter également, la levée du menton n’est pas recommandée non plus par le Dr De Gasquet mais pour une autre raison : celle de l’écrasement excessif que cela peut occasionner sur les disques inter-cervicaux.
Source
Le post original sur Facebook de Ramaswami Srivatsa ➔ https://www.facebook.com/groups/139381939420565/permalink/33471001252498538/
Voir aussi
Dernière mise à jour 21 décembre 2025 – Mise en ligne : le 21 décembre 2025
Eric Savalli – Yoga Azur